Déclaration de l’épiscopatCongolais
sur le procès judiciaire contre Brice MACKOSSO et
Christian MOUNZEO, militants des Droits de l’Homme
Après la Déclaration du Conseil Permanent de notre Conférence Episcopale, le 10 avril 2006 et celles,
consécutives des Conférences des Evêques de France et des Etats Unis, ainsi que de la Fédération protestante de France, Nous, Membres de la Conférence Episcopale du Congo (CEC), exprimons nos
inquiétudes au sujet de Brice MACKOSSO, Secrétaire permanent de la Commission « Justice et Paix » et Christian MOUNZEO, Président de la « Rencontre pour la Paix et les Droits de
l’Homme » (RPDH), deux militants des droits de l’Homme et Coordonnateurs de la Campagne « Publiez ce que vous payez » au Congo Brazzaville.
Depuis le début de l’affaire, le 6 avril 2006 et la première audience publique le 13 juin 2006, la
Conférence des Evêques du Congo observe avec étonnement et inquiétude de nombreuses irrégularités dans le déroulement de la procédure. Cela laisse craindre que l’acte formel d’accusation ait
d’autres connotations, étant donné la diversité des niveaux de procédures concomitantes (à la Chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Pointe-Noire et à la Chambre
d’accusation de la Cour d’Appel) et la requalification des faits en dehors des délais légaux.
A vrai dire, nous avons été surpris par l’arrestation de Christian MOUNZEO à l’arrivée du vol d’Air-France,
à l’aéroport international « Maya-Maya », lundi dernier, 13 novembre et la conduite de ces deux militants, le lendemain mardi à Pointe-Noire, sous escorte policière, pour l’audience
publique pour laquelle ils rentraient au Congo. Nous apprenons que le Tribunal a finalement reconnu l’illégalité des mandats d’amener et fixé une nouvelle audience publique, le 28 novembre
prochain.
Nous réitérons nos observations déjà soulignées dans la première déclaration, à savoir : que soient
restitués les documents saisis sans mandat ni scellé pendant la perquisition, concernant le plaidoyer sur le pétrole et le bois, qui relève de la pastorale même de l’Eglise dans le monde de ce
temps :
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres
surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans
leur cœur »(Gaudium et spes, n° 1).
Ainsi, la Conférence des Evêques du Congo lance, de nouveau, un appel pressant aux autorités judiciaires de
Pointe-Noire en charge du dossier, les invitant à :
Respecter les procédures judiciaires qui sont la garantie d’un procès juste et équitable.
Assurer en toutes circonstances, l’intégrité physique et psychologique de Brice MACKOSSO et Christian MOUNZEO, défenseurs des Droits de
l’Homme.
Prévenir toute forme de représailles à leur encontre, individuellement ou en association avec d’autres défenseurs des Droits de
l’Homme.
Se conformer en toutes circonstances aux dispositions de la Déclaration universelle et des instruments internationaux relatifs aux Droits
de l’Homme liant la République du Congo.
Ainsi donc, que prévalent la Justice et le droit./-
Fait à Brazzaville, le 23 novembre 2006
Les Membres de la Conférence Episcopale du Congo
+ Mgr. Anatole MILANDOU, + Mgr. Louis PORTELLA-MBUYU,
Archevêque de Brazzaville. Evêque de
Kinkala
Président de la CEC.
+ Mgr. Jean-Claude MAKAYA, + Mgr. Ernest KOMBO,
Evêque de
Pointe-Noire Evêque
d’Owando.
+ Mgr. Daniel MIZONZO Mgr.
Yves Marie MONOT,
Evêque de Nkayi
. Administrateur
Apostolique
du Diocèse de Ouesso.
Mgr. Jean GARDIN
Préfet Apostolique de la Likouala
Brice Mackosso (à droite) et Christian Mounzeo (à sa gauche) devant la tour Total à Paris, lors du lancement de la campagne "Publiez ce que vous payez". A
leurs côtés, le Pasteur Alphonse Mbama, Président de l'Eglise Evangélique du Congo (à gauche), et Mgr Louis Portella, Evêque de Kinkala (à sa droite).